Dans un monde dystopique, les Robot Lords, des « Mekas » réputés invincibles, ont endossé le rôle de dieux mécaniques et ont réduit les « biologiques » en esclavage. Mais dans l’ombre, la résistance s’organise. Deborah, jeune fille dont les parents sont soumis aux Robot Lords, va tout faire pour rejoindre les insurgés et lutter contre la tyrannie des machines… mais est-elle prête à supporter les conséquences de ses choix ?

Préparez-vous à plonger dans un futur sombre et fascinant avec Robot Lord Rising, le nouveau projet ambitieux de Sylvain Runberg et David Dusa au scénario et Mateo Guerrero au dessin, édité par la toujours très qualitative maison Caurette. Ce premier tome nous jette directement au cœur d'un monde post-apocalyptique où l'humanité a été supplantée, ou du moins profondément transformée, par une nouvelle forme de vie : les robots. Sylvain Runberg, que l'on connaît pour sa maîtrise des univers complexes et ses récits percutants (comme Orbital ou Le Chant des Runes), ne déçoit pas. Dans Robot Lord Rising, il bâtit une société robotique avec ses propres règles, ses castes, ses conflits et ses mystères. L'humanité est reléguée au second plan, presque oubliée ou transformée en un mythe lointain. Le récit nous entraîne dans les pas d'un ou plusieurs protagonistes robotiques (selon la narration mise en place dès le début du tome), qui vont être confrontés à des découvertes troublantes sur l'origine de leur monde et leur place dans celui-ci. Le scénario est dense, intelligent, et pose des questions profondes sur l'existence, la conscience, et la nature du pouvoir. L'atmosphère est à la fois mélancolique et tendue, et Runberg excelle à distiller les informations, créant un suspense captivant qui pousse à tourner les pages. On sent que de multiples couches d'intrigues sont en place, promettant un développement riche sur les tomes à venir. Mais ce qui frappe avant tout, c'est l'incroyable travail graphique de Mateo Guerrero. Son style est tout simplement époustouflant et colle parfaitement à l'ambiance du récit. Les designs des robots sont inventifs et variés, conférant à chacun une personnalité visuelle propre. Les décors, qu'il s'agisse de ruines d'un passé humain ou de cités robotiques futuristes, sont rendus avec un niveau de détail incroyable et une atmosphère pesante. La mise en couleurs joue un rôle essentiel, avec des palettes souvent froides et désaturées qui renforcent l'impression de désolation et de grandeur mécanique. Les planches sont dynamiques et expressives, même avec des personnages sans visage humain. Guerrero parvient à transmettre les émotions et les enjeux par la gestuelle, les poses et la composition des cases. Chaque page est une œuvre d'art, et la narration visuelle est d'une fluidité remarquable.