Entretien avec Marc Jailloux, festival Quai des Bulles 2023.
Depuis 2013, Marc Jailloux dessine les aventures d'Alix, créé par Jacques Martin en 1948.
Bonjour Marc, d'où vient cette idée de parler du bouclier d’Achille ?
Pendant le confinement, j'ai beaucoup discuté avec Roger Seiter (scénariste). Il n'avait pas prévu de signer un album Alix à l'époque (NDLR : Seiter est déjà l'auteur de la série Lefranc) mais j'avais cette idée en tête de parler du bouclier d'Achille. Nous sommes tous les deux des passionnés d'histoire. La description d’Homère dont s’inspire Virgile est tellement rempli de détails qu’il semble impossible de la suivre à la lettre, mais il existe plusieurs représentations du Bouclier d’Achille à la Bibliothèque Nationale de France, ce qui a été utile.
Vos recherches historiques semblent toujours volumineuses.
On a vraiment essayer de rester fidèle à la grande histoire. Cet album se déroule après Le Dernier Spartiate quand la Grèce entend se libérer de l'envahisseur romain. La République romaine est fragile à cette époque et si les Grecs parvenaient à s'unir, ils pourraient bien prendre leur avenir en main. Bien sur, la grande histoire en décidera autrement car César a remporté la bataille de Pharsale. J'aime toujours me plonger dans la documentation, ça me permet de m'immerger dans l'histoire et de rendre la scène plus réaliste. Les fresques sont presque toujours inspirées de visuels historiques, les lieux sont parfois un peu plus difficiles à exprimer, il y a souvent des sources archéologiques mais pas toujours de représentations. Par exemple la bibliothèque d'Alexandrie où se retrouvent Alix et Enak. J'ai demandé à Jean-Claude Golvin (NDLR : architecte et archéologue) avec qui j'avais déjà collaboré sur le tome Les Helvètes son avis. C'est de la reconstitution complète.
Êtes-vous allé en voyage sur les sites fréquentés par Alix dans ce tome ?
Hélas non pas encore mais j'aimerai bien ! C'est surtout Roger Seiter qui a voyagé, moi j'utilise avant tout des documents et Internet pour alimenter le récit.
Une fois encore, les couleurs de cet album sont très vivantes avec de multiples nuances.
La coloriste Florence Fantini a réalisé un magnifique travail, en s'inspirant des anciens albums d'Alix. Je lui ai envoyé beaucoup de documentation pour être le plus fidèle possible à la réalité. Nous ajustons les couleurs en plusieurs fois jusqu'à obtenir le meilleur affichage possible.
Avez-vous constaté une évolution dans votre travail sur la bande dessinée Alix ces dernières années ?
Alix est un classique donc il y a un cahier des charges à respecter. C'est une série immuable et ce n'est parce qu'elle n'est pas la plus médiatisée que le public s’en désintéresse. Pouvoir vivre de la bande dessinée est un privilège et j'en suis conscient. Je dois donc d’offrir au médium le meilleur de moi-même.
Comment collaborez-vous avec la deuxième équipe qui travaille sur Alix ?
Nous avons des réunions fréquemment avec le Comité Martin pour éviter les doublons et tout problème de chronologie dans la série Alix. Disons qu’idéalement, nous avons envie d’éviter les redites (ne pas situer par exemple deux albums consécutifs en Grèce) et une constance graphique est plus que souhaitable.
Un dernier mot ?
J'espère que vous apprécierez autant que moi la découverte du Bouclier d'Achille. Cette histoire me tenait à cœur et j'avais hâte de la voir publiée.
