Dans cette ville côtière sans éclat, trois jeunes musiciens rêvent de gloire entre deux shifts au Buffalo Grill. Martha, Valentin et Iris forment les Supersonic Pizza Club, un groupe local qui aligne les reprises sans jamais percer. Leur rencontre avec Lionel, crooner désenchanté qui chante du Sinatra au Ballroom, va tout bouleverser. Quand ils s’emparent par erreur (ou tentation) d’une de ses compositions, la gloire semble enfin à portée de main… mais le prix à payer sera salé.

Louise Laborie signe ici une partition douce-amère sur les illusions de jeunesse, la passion et la culpabilité. Le rythme est lent, presque contemplatif, mais chaque silence, chaque note résonne juste. Graphiquement, c’est un bijou. Les couleurs pop, presque acidulées, contrastent avec la mélancolie du récit. Le trait, souple et expressif, capte les regards perdus, les soirs d’ennui et les petites scènes de vie banales qui sentent le sel et la sueur. On pense à un vieux clip de rock indépendant tourné sur pellicule : plan fixe, lumière dorée, émotions brutes Rock’n’roll Suicide groove comme un slow de fin de concert : un peu triste, un peu beau, terriblement sincère. Laborie explore les rêves qui s’effilochent, les amitiés qui se tendent et le blues derrière les amplis. Un album à écouter plus qu'à lire, tant chaque case vibre au rythme d’une guitare désaccordée. Pour tous ceux qui savent qu’aimer la musique, c’est déjà un peu y survivre.