L'action se déroule en 1864, en pleine Guerre de Sécession, dans les paysages sauvages et hostiles des monts Ozark et sur les terres des Choctaws. Ce contexte historique de chaos civil et de racisme virulent (incarné notamment par le bataillon de soldats afro-américains forcés d'escorter une expédition) sert de terreau à l'émergence d'une menace bien plus ancienne et surnaturelle.  Le récit ne concerne pas les "anges déchus" urbains, mais les Nuhallos (ou Géants), ces êtres mythiques de grande taille dont l'expédition scientifique recherchait la trace, et qui sont en réalité les véritables Nephilims.

Ce tome 3, Le Sang des Autres, est le climax de cette première trilogie. Après la mise en place du mystère et la traque dans les tomes précédents, l'heure est à l'affrontement et à la résolution. Le conflit n'est plus binaire (Nordistes contre Sudistes), mais multi-niveaux : Il y a tout d'abord les soldats afro-américains du Capitaine Jackson, qui luttent pour leur survie et leur dignité. Ensuite, les archéologues et leur guide sont pris entre leur soif de savoir et l'horreur. Le méchant Penham (Sudiste) et ses hommes sont quant à eux symboles de la haine humaine.  De leurs côtés, les Nuhallos (Géants) ripostent violemment au sacrilège des humains. Enfin, du point de vue des Amérindiens Choctaws, les intérêts et les connaissances ancestrales sont au cœur de la résolution du conflit surnaturel. Le scénario (Runberg / Dusa) met l'accent sur les conséquences sanglantes de l'avidité humaine. Le Sang des Autres fait référence au sang des victimes de la guerre raciale, mais surtout au sang versé par les Nuhallos en réponse à la profanation de leurs sépultures. Le thème central devient la possibilité d'une rédemption ou, à l'inverse, l'inévitabilité de la destruction lorsque l'homme se mêle de ce qui le dépasse.  Le rythme est épique et tendu. L'alternance entre batailles rangées, affrontements avec les créatures et moments de quête mystique rend ce volume riche et dense. Le dessin de Créty est parfaitement adapté à ce registre de Western Horrifique : Son trait réaliste et puissant rend la rudesse du décor de l'Arkansas du XIXème siècle. Les décors naturels (montagnes, forêts) sont oppressants et magnifiques. Créty excelle dans la représentation des scènes de combat intenses, qu'elles soient humaines (fusillades) ou surnaturelles (lutte contre les Géants).