Le duc de Basse Lorraine, né vers 1060, est considéré, tant par la légende que par la tradition historique, comme l'un des protagonistes majeurs de la Première Croisade. En effet, à l'été 1096, à la tête d'une armée féroce, il partit pour Jérusalem avec ses frères Eustace et Baudouin, et pour les frais de l'expédition il n'hésita pas à vendre les châteaux de Stenay et Bouillon, ses résidences préférées. Il s'illustre particulièrement dans la conquête de Jérusalem puis dans sa défense, à tel point qu'il mérite le surnom d'« avoué du Saint-Sépulcre ». Le fait est que la vie de Godefroy était animée par la lutte pour la foi ; ce n'est pas le désir de conquêtes qui pousse Bouillon à se battre, mais au contraire l'amour de la justice et la fidélité à la croyance chrétienne. L'individualité des différents personnages de l'exposition est mise en valeur non pas par des personnages spécifiques mais par leur propre renommée, ainsi Godefroy a toujours refusé le titre de roi. L'exaltation de Bouillon implique un jugement positif sur la croisade, considérée non comme une guerre d'expansion, mais comme une guerre juste destinée à la fois à la reconquête des lieux saints et à élargir les frontières du christianisme ; cette opinion positive est également confirmée par l'admiration que Bouillon manifestait envers Henri VII, dont le programme politique incluait la guerre contre les infidèles comme point saillant.

Dans le deuxième tome de la trilogie, nous retrouvons Godefroy sur la route de Constantinople près de la frontière hongroise. Il a déjà accompli un voyage considérable avec ses hommes, et l'Europe n'était pas encore un continent de pays, mais plutôt des centaines de comtés, duchés, principautés, un seul empire, etc. Sa renommée le précédait certainement, mais le roi Coloman de Hongrie ne lui faisait pas entièrement confiance. Godefroy fut autorisé à traverser le pays sous diverses conditions, dont l'une était qu'il libère le pays du fléau du comte Émich et de son armée du Jugement dernier. Emich prêchait qu'il était l'Antéchrist, et c'est pourquoi lui et ses hommes commettaient des meurtres et des viols sans pitié. Une belle mission pour Godefroy et ses chevaliers chrétiens. Mais dans un contexte de communication extrêmement difficile, retrouver une troupe d'une cinquantaine d'hommes n'est pas chose aisée, et Godefroy et ses hommes mettent du temps à traquer Emich et ses bandits grâce à divers indices.  Mais la confrontation avec cet adversaire mystique et sanguinaire met à l'épreuve la foi et le sens moral de Godefroy. L'Antéchrist  représente une menace qui met à mal son armée et ses propres démons intérieurs. Emich se révèle également le  meilleur épéiste des deux. Godefroy est vaincu en deux duels. Mais Emich est trop fier pour assassiner une telle proie ; il préfère la capturer. Et vous savez que c'est prendre des risques inutiles. Les dessins de Dubois d'Enghien sont excellent tant dans le rendu de la période du Moyen Âge que dans les expressions très réussies des personnages. Le livre se conclut par un dossier révélant qui sont les « véritables » personnages historiques de cette histoire et quelles étaient leurs véritables relations. Cependant, comme nous ne connaissons pas beaucoup de détails, en tant que scénariste, vous pouvez combler de nombreuses lacunes à votre guise, et c'est exactement ce que fait Miel.