Septembre 1959. La guerre d’Algérie fait rage, pudiquement déguisée en « évènements » algériens, et le général de Gaulle, revenu au pouvoir un an plus tôt, est la cible d’attentats orchestrés par des factions extrémistes françaises opposées à l'indépendance algérienne. Les menaces pèsent, les services secrets sont en alerte, et les “gorilles” du général deviennent les derniers remparts contre un coup d'Etat qui gronde. Mais ces gardes du corps, s’ils ont combattu dans les rangs de la Résistance, ne sont pas des professionnels de la protection, et leurs gâchettes sont un peu rouillées… L'Elysée rappelle donc le Capitaine Milan, formé et entraîné par le FBI de Hoover, pour qu’il vienne faire un audit et améliorer la sécurité du Général… Mais ces durs à cuire, qui ont roulé leur bosse, accepteront-ils de remettre en question leurs pratiques et leurs habitudes pour moderniser leur fonctionnement ?

Ils marchent dans l’ombre des ors de la République. Costards sombres, regards fixes. Ils ne font pas la une. Ils l'empêchent. Les Gorilles du Général de Xavier Dorison et Julien Telo (Casterman), c’est l’histoire de ceux qui encaissent tout… jusqu'à ce que la ligne de confiance craque.  On suit une unité d'élite, celle qui protège le Président. Pas des soldats. Des silhouettes taiseuses, des frères d’armes en col blanc. Ils savent ce qu’ils doivent faire. Ce qu’ils doivent taire. Jusqu'à ce que la mission dérape. Jusqu'à ce qu’ils doutent. Et là ... le vernis s'écaille. Julien Telo signe des planches dignes d’un film : cadrages resserrés, silences qui vibrent, tension qui grimpe. Chaque case est un plan. Chaque échange, un duel. On sent la chaleur d’une pièce fermée, la sueur sous la cravate, les regards qui ne lâchent rien. Et puis il y a les mots. Ceux de Dorison. Qui cognent, qui grincent, qui claquent comme un vieux dialogue d’Audiard oublié dans une salle de crise. Sous la tchatche, il y a du plomb. Et sous le polar, une vraie réflexion sur ce qu’on protège quand on donne tout à un homme… ou à un pays.