Scénario : Fanny Vaager
Dessin : Annika Linn Verdal Homme
Asha, Ivy et Farzana, du groupe de hip-hop féminin YMGM, sont chargées de réaliser une publicité pour la compagnie pétrolière Tatol. Après de longues discussions éthiques et de nombreuses rationalisations, elles acceptent de composer une chanson juste pour les « imiter ». Les représentants de Tatol ne semblent pas l'entendre de cette oreille. Ils sont satisfaits, même lorsque quelqu'un publie des vidéos d'agressions violentes et de voitures incendiées, des choses qui peuvent être liées à la campagne autour de la chanson. Mais au fond, tout le monde réalise que la situation commence à s'effondrer. Ils ne savent simplement pas de quelle manière ni à quel point la situation sera critique.
En tant que satire, l'album est une réussite. Si elle n'est pas si subtile et que l'histoire comporte un rebondissement, elle n'en demeure pas moins sujette à interprétation et imprévisible. Les trois filles de YMGM révèlent très tôt la fragilité de leur idéalisme. En revanche, certains des points forts de la série fonctionnent grâce à leur évidence, le slogan de Tatpm « Nous prenons nos responsabilités, pour que le reste de la Norvège n'ait pas à le faire » en étant le meilleur exemple. Sinon, la plupart des initiatives artistiques de Verdal Homme sont très appréciées. Pour saisir au mieux l'histoire, elle utilise occasionnellement des scènes avec des « têtes parlantes », mais la plupart du temps, la variété est excellente et les pages de dialogue sont également très animées. Elle s'amuse sur des pages entières, des captures d'écran de SMS et de réseaux sociaux, jouant avec la perspective, les motifs abstraits et les codes couleurs. Asha, Ivy et Farzana sont toutes des « Norvégiennes issues de minorités », ce qui est facile à voir, mais sans en faire une mise en avant significative. Pour distinguer les filles des personnages « Norvégiens de souche » (surtout les hommes), elles sont colorées en différentes nuances de violet. Recréer les scènes avec le nouveau-né, un bébé géant effrayant, a dû constituer un défi particulier. Dans ce drame par ailleurs assez réaliste, quoique sombrement satirique, il s'agit d'un élément surréaliste saisissant, mais essentiel au récit. Verdal Homme a judicieusement choisi de laisser le personnage flou et de ne le clarifier qu'au climax. Le concept même du livre a dû constituer un défi. Le matériau source de « Bilde av en brennende Tesla » est la pièce de théâtre du podcast Brageteatret du même nom , un concept en soi inhabituel qui implique des exigences de résolution particulières. Evidemment, certaines références peuvent nous échapper en France, mais la traduction a parfaitement su s'adapter au marché local.
VERDICT
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Un album visuellement élégant, inconfortable et presque unique. Annika Linn Verdal Homme semble s'être appropriée l'histoire de la pièce de théâtre radiophonique du même nom.