Emma la rouge, initialement Emma Goldman, est une célèbre anarchiste à la vie aventureuse.  Née en 1869 dans la Lituanie tsariste, elle fait partie des millions d'immigrants d'Europe de l'Est arrivés en masse aux États-Unis à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. On découvre des témoignages de première main sur l'ère progressiste, offrant le propre regard d'Emma sur les personnalités et les événements marquants de cette période charnière de l'histoire mondiale, notamment Pierre Kropotkine, Voltairine de Cleyre, Vladimir Lénine, la Première Guerre mondiale et la Révolution d'Octobre. Inspiré de l'autobiographie « Vivre ma vie » , le roman graphique offre un aperçu des processus de pensée internes de l'une des anarchistes américaines les plus célèbres et de ses contemporains. Goldman explique que c'est le sort des martyrs de Haymarket qui l'a d'abord poussée à la cause anarchiste, ce « bel idéal », comme elle le qualifie. Il s'agissait d'un groupe d'anarchistes soumis à des procès-spectacles, rapidement emprisonnés et exécutés à la suite d'une explosion lors d'une manifestation ouvrière à Haymarket Square, à Chicago, le 4 mai 1886. L'explosion causa la mort de sept policiers et de quatre civils, donnant ainsi naissance au cliché proverbial de l'anarchiste lanceur de bombes, bien que l'identité du poseur de bombe n'ait jamais été établie. Goldman ouvre son livre le 15 août 1889, jour de sa première arrivée à New York, à l'âge de vingt ans. Elle avait initialement immigré aux États-Unis quatre ans plus tôt, s'installant chez d'autres membres de sa famille, à Rochester, dans le nord de l'État. New York sera le théâtre de la majeure partie de son séjour d'un quart de siècle aux États-Unis. Peu après son arrivée à New York, elle se lie avec d'autres anarchistes juifs russes, dont son compagnon de toujours, Alexander Berkman (qu'elle surnomme affectueusement « Sasha »), auteur de Mémoires de prison d'un anarchiste.

Le droit de vote des femmes, le mariage, les carcans moraux du puritanisme et la tragédie de la prostitution sont quelques-uns des thèmes abordés par la militante, qui a transformé ses idées en cadre d'interprétation de la condition féminine. Ses écrits retracent trente années de lutte contre l'oppression d'un État qui, complice de la religion, a exploité le potentiel des femmes dans l'image de mères et d'épouses soumises. En bref, cet ouvrage est un savant mélange de biographie et de pensée politique, offrant un portrait vivant et populaire de la libertaire russo-américaine. Histoire et récit s'enchaînent harmonieusement. La richesse et la complexité des positions de Goldman, leur perspicacité dans la trajectoire culturelle de l'anarchisme – par exemple, sa relation controversée mais fructueuse avec la tradition libertaire-démocrate américaine –, son extraordinaire passage du communisme kropotkinien au paradigme de la libre expérimentation (avec son pluralisme inhérent dans les contextes économiques, sexuels, juridiques et autres contextes organisationnels), et son analyse critique acerbe du modèle révolutionnaire classique sont bien sur abordés. L’approche populaire a ses avantages :  En termes de connaissance et même de propagande, ce portrait de Goldman qui, pour des raisons de communication, la présente comme une sorte de religieuse intellectuelle (bien qu’anarchiste) . Le style graphique est simple mais bien adapté à ce type d'œuvre