Parfois, il est difficile de deviner qui est la véritable victime. Deux jeunes familles, une maison mitoyenne et une belle amitié … Cela paraît idyllique, n'est-ce pas ? Mais en réalité, ce n'est pas si joyeux. Surtout quand deux jeunes couples aux origines sociales et aux passés différents vivent côte à côte. Lorsque les voisins David, Lætitia, Sylvain et Tiphaine apprennent que leurs enfants naîtront à seulement trois mois d'intervalle, c'est une nouvelle extrêmement heureuse pour eux : les deux garçons grandiront presque comme des frères et sœurs et les parents pourront s'entraider pour s'occuper d'eux. Après tout, c'est toujours ainsi : les deux jeunes couples vivaient dans une maison mitoyenne séparée par une haie et un mur mitoyen. Les visites quotidiennes, le partage des joies et des soucis, et l'entraide entre voisins continuent même après la naissance de leurs enfants, Milo et Maxime. Jusqu'au décès tragique de l'un des garçons, qui marque le début d'une querelle silencieuse pour savoir qui est responsable de quoi. La mort de l'un des garçons perturbe non seulement les relations entre les deux familles, mais aussi la vie des deux foyers. Soupçons, reproches, méfiance mutuelle, disputes et peur des agissements de l'autre famille envahissent leurs foyers. Tiphaine et Sylvain cherchent-ils à venger la mort de leur fils ou s'agit-il simplement de la paranoïa d'une mère cherchant à protéger son enfant ? S'ils cherchent à se venger, quelles sont leurs intentions ?

La tension persiste, à des degrés divers, tout au long du roman graphique. Certaines parties sont plus dynamiques, tandis que d'autres relatent des événements plus banals, mais quoi qu'il en soit, le lecteur n'a jamais envie de lâcher l'ouvrage par désintérêt soudain. La vie des deux familles évolue dans une direction (à leurs yeux) peu souhaitable, et chacun des personnages paraît plus ou moins suspect. Le style narratif est également intéressant. La fin de l'histoire n'est pas immédiatement prévisible, mais elle ne propose pas non plus de révélations époustouflantes. C'est une sorte de juste milieu qui ne choque absolument pas et peut même surprendre. Cependant, le meilleur moment se situe dans les dernières pages du livre, ce que certains lecteurs pourraient percevoir comme un léger bémol. Rachid N’Haoua affiche un style abouti, le dessinateur a accompli un important travail pour mettre en planches ce scénario riche et instructif. Le découpage joue sur la taille et la superposition des cases. Le trait fin et réaliste traduit parfaitement les émotions fortes de chacun.