1970. Montana, États-Unis. Il y a cinq ans, Chuck a planqué un paquet de fric au milieu de nulle part. Puis les flics l'ont attrapé et l'ont envoyé en prison. Maintenant, après avoir purgé sa peine, propre et sobre, Chuck balade sa meuf à travers le désert, rêvant à la belle vie qu'ils mèneront une fois qu'ils auront récupéré leur argent. Le seul problème ? D'autres sont aussi à la recherche de ce magot.

Avec L'Or du Spectre, Matz (Didier Legrain de son vrai nom), scénariste prolifique et reconnu pour son écriture nerveuse et immersive, nous plonge dans un thriller sombre et haletant. Cet album se distingue par une ambiance tendue et un récit qui oscille brillamment entre le polar moderne et les échos d'un passé trouble. Le scénario est maîtrisé de bout en bout, progressant avec une efficacité redoutable. Le lecteur est rapidement happé par les ramifications de l'enquête, qui dévoilent des liens insoupçonnés et des trahisons qui s'étirent sur plusieurs décennies. Matz excelle à maintenir le suspense, distillant les informations au compte-gouttes et multipliant les fausses pistes pour mieux surprendre. Trois ans après « Le serpent et le coyote », Xavier Philippe et Matz nous livrent un road trip spectaculaire et sanglant, où les paysages épiques de l'Amérique, l'histoire du Far West et de la Cosa Nostra sont au moins aussi importants que les parties de jambes en l'air, les poursuites plus ou moins subtiles ou les inévitables cadavres. Car bien sûr, c'est un thriller satisfaisant, où il pleut des balles. Les flashbacks sont intelligemment intégrés, apportant des éclaircissements cruciaux sans jamais casser le rythme de l'histoire. Le travail graphique de Xavier Philippe est absolument essentiel à l'efficacité de cet album, et sa collaboration avec Matz est une réussite. Son trait réaliste et détaillé colle parfaitement à l'atmosphère sombre et tendue du récit. Philippe excelle à créer des ambiances visuelles fortes. Les décors, qu'ils soient urbains, ruraux ou plus intimes, sont rendus avec précision et contribuent à l'immersion. Il n'hésite pas à jouer avec les ombres et les lumières, créant une atmosphère souvent oppressante, voire claustrophobique, qui renforce la tension psychologique de l'histoire. L'utilisation d'une palette de couleurs souvent froides ou désaturées, dominée par les gris, les bleus sombres et les ocres ternes, accentue le sentiment de malaise et de fatalité qui plane sur l'ensemble.