L'album nous introduit à Sylvia Castel, une pilote de chasse française talentueuse mais impulsive. Après une mission délicate au-dessus de la Syrie qui tourne mal et où son Rafale est détruit, elle est mise au placard et affectée sur une base de l'OTAN dans le nord de l'Europe, aux commandes d'un Mirage 2000. Ce qui ressemble à une punition se révèle être le point de départ d'une nouvelle mission périlleuse et aux enjeux géopolitiques complexes dans la région de la Baltique.

Le scénario de Philippe Pinard est bien ficelé et sait alterner les moments d'action intense, notamment les scènes de vol et de combat aérien, avec des séquences plus calmes permettant de développer le personnage de Sylvia et d'installer l'intrigue politico-militaire. Le rythme est globalement maîtrisé, maintenant l'attention du lecteur. Fort de son expérience de journaliste, Pinard apporte une précision quasi militaire au déroulement des opérations et aux détails techniques des avions et des procédures. Cela confère une certaine crédibilité à l'univers dépeint. Sylvia Castel est une héroïne forte et au caractère bien trempé. Son impulsivité et son sens de l'initiative la mettent souvent dans des situations délicates, mais elle possède également un indéniable talent de pilote. Le scénario prend le temps de nous familiariser avec sa psychologie, ses doutes et sa détermination. L'intrigue d'"Opération Baltic" est intéressante et mêle habilement action aérienne, manœuvres politiques et enjeux stratégiques contemporains. Le mystère autour de sa nouvelle affectation et les menaces qui se dessinent dans la Baltique sont bien amenés et donnent envie de lire la suite. Cependant, certains lecteurs pourraient trouver le scénario parfois un peu moins crédible dans certains de ses développements. Nonobstant, les amateurs du genre aéronautique apprécieront les références aux différents types d'avions (Rafale, Mirage 2000, A2SM) et aux tactiques de combat. Le point fort du dessin de Bad réside indéniablement dans sa représentation des avions de chasse et des environnements militaires. Les engins sont dessinés avec une grande précision et un souci du détail qui ravira les passionnés d'aviation. Les décors, qu'il s'agisse des bases militaires ou des paysages survolés, sont également bien rendus. Le principal point faible concerne le dessin des personnages. En tant qu'autodidacte, Bad montre parfois des difficultés dans le rendu des portraits, des expressions faciales qui peuvent manquer de subtilité, et dans le dessin des mains. Ces aspects peuvent parfois nuire à l'immersion et à l'expressivité des scènes. Cela étant, les scènes d'action aérienne sont généralement dynamiques et bien mises en scène, avec un bon sens du mouvement. Le travail de Callixte à la couleur est efficace et contribue à créer l'ambiance des différentes scènes, qu'il s'agisse des ciels bleus de Syrie ou des paysages plus froids de la Baltique. Les couleurs sont généralement bien choisies et participent à la lisibilité de l'ensemble.