Trois mois après la découverte du secret le mieux enfoui de New York, la compétition qui oppose les Omniscients aux Iconoclastes prend désormais un tour très public. Et puisque l'origine de leurs dons semble liée aux ruines tazmèdes, quoi de mieux qu'un duel d'archéologie pour régler leur différend ? Malheureusement, personne n'a anticipé qu'exhumer les fondations du passé peut faire vaciller l'édifice du présent...

Archéologie au bulldozer. Vincent Dugommier signe un épisode ambigu sur le fond de son message. Il y reprend les codes de la téléréalité, en grossissant volontairement le trait avec des câbles en guise de ficelles. Il interroge alors le poids du passé et son impact, positif comme négatif, sur les jeunes (et les moins jeunes) générations, ainsi que la manière dont le passé, finalement mystérieux parce que méconnu et incompris, se voit perçu puis interprété de nos jours. Sa vision d’une espèce de course à l'échalote ludique entre les deux équipes de "super sapiens", échos l’une de l’autre dans leur composition, oscille constamment entre confrontation binaire et destructions non contrôlées. D'un côté, un passé érigé en modèle de perfection, paré de toutes les vertus censées faire défaut à notre époque, de l'autre, une vision, non moins discutable, d’anciennes pratiques révolues (parfois révoltantes), qu’il faudrait absolument oublier, tant elles paraissent à présent étranges, étrangères et décalées par rapport aux valeurs du moment. De l'incompréhension en somme. La reconstitution de faits anciens relève du puzzle. Détachée des dogmes ou d'une exemplarité ostentatoire, elle ne présente que le miroir des multiples choix qui ont conduit à des décisions impactantes, à un moment donné. Elle n’est orientée que par les questions que se posent, a priori, les archéologues et les historiens pour valider leurs hypothèses. Certaines bonnes, d’autres pas. L’Histoire ne fait que constater comment, les précédentes générations ont régi à des problèmes auxquelles nous sommes (ou plus du tout) confrontés. Sa récupération éventuelle à des fins détournées ne dépend que de ceux qui la découvrent (ou font semblant de la découvrir) hors contexte. Le dessin de Renata Castellani ne progresse pas vraiment depuis le début de la série. Comme dans le précédent tome, les couleurs de Benoît Bekaert soutiennent beaucoup son trait à l'influence manga.