Un prince part à la recherche de l'Amour, comme dans tous les vieux contes de fées. Voici une nouvelle interprétation des contes avec preux chevaliers (mais pas que), princesse en détresse (mais pas trop) et dragon très méchant (mais un peu gentil).

On a beau s’imaginer que tout a été fait en matières de bandes dessinées, on trouve encore aujourd’hui des œuvres sémillantes à l’originalité sans bornes. Porté par un graphisme tout en aplats et subtilités, mais d’une harmonie incontestable, cet album nous invite à une relecture des grands classiques des contes d’autrefois, en les remettant au goût du jour et les mâtinant de considérations sociétales actuelles. Pour séduire un public large tout en portant des messages forts, Alzéal accompagne son récit d’un humour vif et tranchant, laissant l’embarras du choix entre la gêne et le rire sur les sujets évoqués. Mais la réelle force de ce titre réside dans l’interprétation et l’implication que l’auteur laisse à son lecteur au moyen d’une narration des plus simplistes, mais des plus ingénieuses également : point de dialogues, pas une lettre à épeler mais des pictogrammes à foison qui confèrent un plaisir de lecture incroyable, à la fois délicieusement régressif et particulièrement introspectif : si l’idée générale ne laisse que peu de place au doute, ce sont bien nos (bons) mots qui vont habiter les phylactères. Coup de maître en ce qui nous concerne : on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Peut être ne se marièrent-ils pas ou n’eurent ils pas beaucoup d’enfants, mais peu importe : qu’est ce qu’on est heureux, nous lecteurs, quand on goûte à ces créations hors du temps.