La voix des bêtes, la faim des hommes
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 26 Mai 2023
Résumé | Test Complet | Images | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario et dessin : Thomas Gilbert

Dans « La voix des bêtes, la faim des hommes », nous suivons une « meneuse » de loups, Brunehilde, qui vagabonde dans une société médiévale soumise aux sévices des hommes avec pour seule arme sa capacité à sentir les gens et les situations. Elle refuse d’entrer en combat directement, elle préfère accompagner les autres et les entourer de son savoir pour les aider à ne plus accepter. Jamais elle ne prône l’agressivité comme solution à celle subit (et pourtant elle en verra de toutes les couleurs). Elle trace une route forte faite de convictions et d’insoumission dans cette vallée forestière du Sud-Ouest de la France où elle sera bientôt suspectée d'être une sorcière. Accompagnée de Paulin, colporteur et conteur d'histoires, ses pas vont l'entraîner sur le chemin d'un meurtrier sans répit, semant de terribles scènes de carnage derrière lui, traumatisant les villageois alentours, déjà meurtris par la faim et la maladie. Les accusés sont tout désignés, il faut chasser les bêtes sauvages, les loups, les païens, les vagabonds... Les autres. Tout ce en quoi Brunehilde croit est en danger. A l'approche de l'An Mille, le Christianisme se répand comme de la poudre, porté par des hommes emprunts de folie, tel que le moine Othon dont l'ampleur de la foi le mène à commettre des actes désespérés. Porteurs de messages destructeurs, les anges semblent profiter de l'accablement de cet homme perdu, au travers de scènes mystiques.

Nous ne sommes pas obligés de nous soumettre à la violence, d’accepter celle qui assouvie, de tolérer celle du quotidien qui s’immisce lentement ou même de se résigner à la croiser. Ne pas l’accepter c’est la regarder, la connaître, l’anticiper et y faire face. Parce qu’elle est partout autour de nous, dans ces tenues qu’il ne faut pas porter en tant que femme, dans ces larmes qu’il convient de taire en tant qu’homme, dans ces humiliations d’adultes en tant qu’enfant. Alors nous n'avons pas de solutions miracles si ce n’est être convaincu et vivre sans peurs, sans se fouetter dès qu’il faut refuser, sans se blesser pour éviter celle du bourreau. Cet album est incroyablement bien écrit et illustré car sous la violence qui nous est transmise, seul réside le refus de s’y abaisser. On en sort convaincu qu’à notre tour on a le droit et le devoir de refuser, pacifiquement et intelligemment tout ce qui nous contraint et nous maintient loin de nous même. Thomas Gilbert a un talent incroyable et nous remet une grosse claque après Les filles de Salem qui était déjà indispensable. La dureté du propos est portée avec justesse par la beauté des planches, de pleines pages majestueuses représentant la Bête ou encore les quatre Cavaliers de l'apocalypse. La violence des hommes, des bêtes, des dieux, hante ces pages, mais l'espoir ne les quitte jamais.

VERDICT

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Un dessin incroyable, une patte vraiment à lui, après "Nos corps alchimistes" et "Salem" c’est vraiment une belle pépite de Thomas Gilbert.

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